Quand la libido a fichu le camp avec l'amour que reste t'il?
L-Hard-Core
Août 2025 | ||||||||||
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Quand la libido a fichu le camp avec l'amour que reste t'il?
L-Hard-Core
Mes nuits s’ennuient sans toi, les minutes fondent
Entre mes cuisses, comme le glaçon. Dis tu t’en souviens ?
Du glaçon d’août… sous la couverture d’humide chaleur
Dans la torpeur des après midis enragées d’orages
Quand je jouissais pour toi, les yeux entre deux mondes
Du doigt, tu savais me faire couler. Dis tu t’en souviens ?
Quand de ta langue de serpent tu recueillais mes saveurs…
C’était doux et sans efforts, je t’offrais ma gorge en gage
Dis moi si ton sang a faiblis ? Si de tes yeux tu m’allumerais
Encore et encore, pour mieux me préparer à l’assaut du rein
Mâle dominant, furieux, mâle jusqu’au bout du gland !
Et elle de l’ongle elle trace sa marque, tendrement sanglante
Sillon labouré qui accouche de perles de jus de chair, incarnées
Qui glissent, accrochées, lourdes, galbées tout petits mini seins
Que je laperais sans doute tout comme tes luisant éclats blancs
Qui ont traversé mon ciel, tu as jouie mes étoiles filantes.
De un à deux trois, sans faux mouvements. La main sur les reins de l’autre, une queue dans la bouche et on recommence. La danse de vie. Sexe, sueur, sperme. Et en boucle la bande son. Grincements, humidité, gémissements et cris.
L’éclairage efface et gomme. La peau opalescente prend des teintes de bijoux rares, les corps sombrent dans l’animal. Si je savais je figerais tout sur un papier canson soyeux, à coups de pinceau trempé dans une encre noire de suie qui gondolerait ma feuille en la détrempant.
Et petit à petit, les corps se détachent, pour se renouer plus loin, plus fort, plus vite. Car dans le temps qui s’effiloche il y’a l’urgence du plaisir.
On en donne et on prend, beaucoup. Parce qu’on est là pour ça, sans vergogne, ce plaisir qui défigure, qui rend muet ou qui déchire la tête.
Trois quatre, et moi. Je dessine du doigt l’éjaculat brillant qui orne la fesse d’une autre.
Une dans chaque main, à branler avant de les prendre bien dures. En bouche, pour la saveur âcre et la rigidité du désir, mordant, titillant, agaçant ce gland vibrant de plaisir contenu.
Et puis le glissement de la première qui pénètre dans ma chatte, doucement comme pour mieux en mesurer chaque centimètre de ce satin de chair. Et violemment pour la deuxième qui me fait chavirer. Les yeux renversés vers l’âme, engouffrée toute entière dans le plaisir. Grognements, feulement et gémissements ; plus de mots dans cette régression.
Le claquement d’un bas ventre sur des fesses ondoyantes, le coup de rein qui t’enfonce un peu plus dans le plaisir. Les mains qui s’emparent de la chair, d’un sein ou juste d’un téton. On ne choisit plus. On se laisse emporter, envahir, posséder. L’essentiel de nous. L’évident qui s’impose et qui creuse un peu plus dans nos désirs. Et qui nous met en face de nous-même. Le plus impie des miroirs. De la haute définition, 15M de pixels. Je vois ton cœur au travers de ta peau.
L-Hard-Core
Lentement elle avait repris sa respiration, et sur un temblement imperceptible légérement creusé ses reins. Cela durait depuis des heures probablement. Les queues se succédaient et, son homme l’observait. Il notait, le léger film de transpiration, la cuisse qui frémit, le cri étranglé sur un coup de rein trop fort, l’épaule qui céde par fatigue... De temps en temps, il prenait le temps entre deux hommes, de lui murmurer quelques mots à l’oreille.
« Ma salope... encore quelques unes, juste pour moi »
Il ne lui laissait pas le temps de répondre et ouvrait la porte sur une autre queue anonyme.
Elle, elle avait traversé le matelas à coups de bites dans le cul. Maintenant sa tête cognait dans le mur et ses cheveux se collaient à sa nuque.
Pierre suivait des yeux une goutte de transpiration qui prise dans une mêche, coulait le long de l’épaule de sa femelle. Avant d’être décrochée par la violence du dernier homme qui prenait Femme, la goutte de sueur se serait évaporée. 31° depuis 24 heures, depuis 24 heures enfermée dans cette pièce, dans le noir d’abord. Attachée ensuite, puis privée de vue, de parole et d’ouie. Réduite à un orifice qui maintenant béait comme la bouche grande ouverte d’un nourrisson affamé, palpitant au rythme de son coeur, de son émotion.
Puis le dernier homme est sorti. Pierre a détaché Femme. Doucement, en prenant le temps de masser chaque membre endoloris, chassant l’engourdissement d’une main ferme, la couvrant d’un voile de sensations, puis de bien-être. La peau sêche sur sa peau humide, défroissant les marques. Comme on détord les membres contorsionnés d’une poupée maltraitée.
Il l’avait laissé finir de récupérer son corps et retendre le satin de sa peau. Il lui avait enfin branché la climatisation, donné à boire et quelques heures de sommeil. En ouvrant la porte il l’avait trouvé dans la même position que celle dans laquelle il l’avait laissé, sur le ventre, la tête entre les bras. Avec la lumière elle avait bougé, si peu que seul lui avait pu remarqué le changement de rythme dans l’air.
« Il va falloir que je m’habitue à ton nouveau cul, tes nouvelles dimensions...
À quatre pattes !
Montre toi »
Au bruit de la ceinture qui glisse dans les passants du pantalon, elle s’était ouverte. À la première chaussure tombée sur le sol elle avait écarté d’une main un globe de chair. À la deuxiéme, elle était prête pour lui. Mais pas pour la douleur que son sexe causerait à son cul distendu et irrité... ni au plaisir qui lui ferait perdre la tête une fois de plus.
5
Camille n’aime rien sauf la chair. Elle a tué pour mieux voir, elle voulait sentir la vie dans la moindre molécule des tissus qu’elle déchirait.
Les Khmers nous suivaient depuis 3 heures quand ils nous ont arrêté. Ils voulaient l’argent, les Travellers Checks, les bijoux, les sacs. Camille n’a jamais peur, elle a dit non en riant. Elle a dansé son non, en tournoyant, les bras au ciel. Elle était NON, souriante et heureuse du danger. C’est quand ils ont eu peur qu’elle a sorti son couteau. Tout a été si vite. La première image a tranché la viande. La deuxième a vu jaillir le sang. La troisième a pris les vies. Deux vies dans un éclat de rire, deux toute petites vies, de celles qui ne comptent pas, de celles qui sont là pour ça. Le Karma.
La chair est comme la fleur de lotus, à peine rosée par endroits, puis plus rouge là où le sang l’irrigue encore. Camille respirait, émerveillée, comme vivante, enfin.
Et moi je comptais soigneusement mes images, les rangeant dans l’ordre de mon film, celui que j’allais me repasser en boucle pendant des années. 24 images seconde. Sous le soleil d’Angkor-Vat.
J’ai ressenti dans mon ventre la douleur de la déchirure des chairs.
Tes baisers sont comme autant de caresses. Des velours de rose posés sur ma peau, baisers de vampires, rouge baiser, indélébiles. Et après tu exiges que je te raconte mes sensations, jusqu’à tes larmes que je dois aussi bercer sur ma langue.
J’ai coupé ma peau pour te montrer ma chair, j’y ai frotté des pigments pour essayer d’être enfin vivante, tatouage sauvage indolore, bleus pas éphémères. Parée pour la danse de l’Apsara, entre deux battements de coeur, l’âme accroché dans les étoiles. J’ai posé les sonnailles à mes articulations offrant le rythme à notre film, seules sensations qui résonnent encore et toujours dans le vent.
Je suis la pierre sous l’étreinte des racines du banian, je suis la danseuse sacrée qui porte sa mémoire dans le tintement des grelots qui ornent ses chevilles... Je suis le vent qui soulève les feuilles, je suis la pluie qui lave le sang.
L-Hard-Core
3
Angkor-Vat. Extérieur jour. Fin de journée, la pluie de 17h, celle qui tombe 5 mns, mais comme si le ciel se vidait en 300 secondes. Arrêt sur image. Plan large, photographique, comme une expo photo mouvante, comme un film de voyeur, à la limite du détail supportable. Les corps baignent dans une boue sanglante.
Je suis Camille et je suis perdue. Je n’ai plus d’âge, je n’ai que celui de ma peau. Je collectionne les corps. J’aime les toucher, les sentir, les pétrir, les palper. J’aime les fluides, sécrétions, lubrifiants, émanations naturelles. Le sang et l’eau. Je n’existe que par eux. Je rêvais d’être médecin légiste, plus tard embaumeuse. Je ne suis pas grand chose.
- Donne moi ce couteau.
Je regardais la lame, je ne m’y voyais plus.
- DONNE MOI CE COUTEAU !!! Maintenant.
Je l’ai laissé tombé, je n’avais plus la force. J’avais oublié tous ces petits muscles aujourd’hui douloureux. C’était merveilleux, tout ce vivant dans mon corps. Ces petites crampes qui me réveillaient. Mes genoux aussi, je les sentais. J’avais un caillou sous le gauche, juste assez pointue pour que je m’en rende compte. Dorota hurlait.
- C’est pas toi D., c’est moi qui l’ai fait.
- NON J’AI ACHETE LE COUTEAU POUR LE FAIRE !!!
- TU M’AS VOLE !!!
- Non D. je t’ai sauvé la vie. Allez viens, faut y’aller là. Ni toi ni moi ne voulions le faire. On a pas eu le choix.
Des Khmers rouges.
4
J’ai croisé W. Burroughs qui faisait la manche à un feu rouge. Il portait son âme comme une pancarte, et j’ai vu sa sébile vomir des flots d’alcools bon marché. Je me suis mise à trembler quand je l’ai vu se moucher dans ta culotte rouge. Ce n’était qu’un mouchoir...
J’ai eu une intuition. De celles qu’on écoute l’espace d’un remord. L’envie de tout effacer et de recommencer à zéro. D’oublier comment je t’ai rencontré et de forger des bases plus saines. Tes bras m’ont dit ce que mon cœur attendait. Ton souffle a porté des mots que j’avais oubliés. De simples gestes sont devenus mon shoot et ton absence me creuse d’anguoisse. Pas de méthadone à cette dépendance là. Je suis devenue aboulique et j’ai besoin de toi comme une plante attend son eau impuissante.
J’adore ça, mais je me déteste d’être comme ca.
Ma mémoire se ballade d’une porte à une autre, cherchant celle qui m’échappera, celle qui retiendra ce flot de souvenirs dont je ne veux pas. Dorota va me sauver, du bout de ses doigts, quand elle cherche à me sentir, elle me réveille. Elle me rend mon corps, celui que je ne volerais jamais aux autres.
Ce n’était pas qu’un mouchoir dans lequel tu as essuyé la lame de ton couteau. C’était celui avec lequel j’avais essuyé ton front heure après heure, jour après jour, pendant ta dernière crise de palu.
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