Jour après Jour

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Mardi 25 avril 2 25 /04 /Avr 17:13

3

 

Angkor-Vat. Extérieur jour. Fin de journée, la pluie de 17h, celle qui tombe 5 mns, mais comme si le ciel se vidait en 300 secondes. Arrêt sur image. Plan large, photographique, comme une expo photo mouvante, comme un film de voyeur, à la limite du détail supportable. Les corps baignent dans une boue sanglante.

 
Je suis Camille et je suis perdue. Je n’ai plus d’âge, je n’ai que celui de ma peau. Je collectionne les corps. J’aime les toucher, les sentir, les pétrir, les palper. J’aime les fluides, sécrétions, lubrifiants, émanations naturelles. Le sang et l’eau. Je n’existe que par eux. Je rêvais d’être médecin légiste, plus tard embaumeuse. Je ne suis pas grand chose.

-         Donne moi ce couteau.

Je regardais la lame, je ne m’y voyais plus.

-         DONNE MOI CE COUTEAU !!! Maintenant.

Je l’ai laissé tombé, je n’avais plus la force. J’avais oublié tous ces petits muscles aujourd’hui douloureux. C’était merveilleux, tout ce vivant dans mon corps. Ces petites crampes qui me réveillaient. Mes genoux aussi, je les sentais. J’avais un caillou sous le gauche, juste assez pointue pour que je m’en rende compte. Dorota hurlait.

-         C’est pas toi D., c’est moi qui l’ai fait.

-         NON J’AI ACHETE LE COUTEAU POUR LE FAIRE !!!

-         TU M’AS VOLE !!!

-         Non D. je t’ai sauvé la vie. Allez viens, faut y’aller là. Ni toi ni moi ne voulions le faire. On a pas eu le choix.

Des Khmers rouges.

 

4

 

J’ai croisé W. Burroughs qui faisait la manche à un feu rouge. Il portait son âme comme une pancarte, et j’ai vu sa sébile vomir des flots d’alcools bon marché. Je me suis mise à trembler quand je l’ai vu se moucher dans ta culotte rouge. Ce n’était qu’un mouchoir...

J’ai eu une intuition. De celles qu’on écoute l’espace d’un remord. L’envie de tout effacer et de recommencer à zéro. D’oublier comment je t’ai rencontré et de forger des bases plus saines. Tes bras m’ont dit ce que mon cœur attendait. Ton souffle a porté des mots que j’avais oubliés. De simples gestes sont devenus mon shoot et ton absence me creuse d’anguoisse. Pas de méthadone à cette dépendance là. Je suis devenue aboulique et j’ai besoin de toi comme une plante attend son eau impuissante.

J’adore ça, mais je me déteste d’être comme ca.

Ma mémoire se ballade d’une porte à une autre, cherchant celle qui m’échappera, celle qui retiendra ce flot de souvenirs dont je ne veux pas. Dorota va me sauver, du bout de ses doigts, quand elle cherche à me sentir, elle me réveille. Elle me rend mon corps, celui que je ne volerais jamais aux autres.

Ce n’était pas qu’un mouchoir dans lequel tu as essuyé la lame de ton couteau. C’était celui avec lequel j’avais essuyé ton front heure après heure, jour après jour, pendant ta dernière crise de palu.

 .../...

Par The Core - Publié dans : nouvelles & textes
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